jeudi 16 août 2007

Le Maître des saveurs



Si chaque vie est un roman, celle d'Auguste Escoffier aurait pu constituer plusieurs tomes. Michel le Gall a pourtant réussi à synthétiser en un seul volume la vie extraordinaire du "plus grand cuisinier du siècle". Cet homme passionné et charmeur, fils d'un modeste maréchal-ferrant réussit, grâce à une ambition démesurée, à devenir le génial inventeur de la cuisine moderne. Paul Bocuse lui-même se fait modeste quand il évoque cette figure mythique : "Ma cuisine, c'est la droite lignée d'Escoffier." Fin lettré, poète à ses heures, fantastique puits de mémoire, l'auteur de milliers de recettes, des Nids d'hirondelles des Moluques au Chaud-froid d'ortolans à la Rothschild, et de la fameuse pêche Melba, en hommage à la célèbre cantatrice, enjamba brillamment deux siècles en fréquentant les plus grands de ce monde. Dans les années 1860, il se lie d'amitié avec le brillant César Ritz qui l'emmène vers une carrière fulgurante du Grand Hôtel de Monaco au Carlton de Londres. Il devint intime de Sarah Bernhardt à qui il dédia un dessert à base de fraise, rencontra Mac-Mahon, Churchill, Guillaume II, le duc de Rothschild, Edouard VII, Marcel Proust, Émile Zola, qui tous s'émerveillèrent de cet artisanat fait art.
Esprit inventif et d'avant-garde, il est l'un des premiers à promouvoir les bienfaits de la conserve et conseille même un certain Julius Maggi qui lui demande de mettre au point le "bouillon Kub". Son contemporain Thomas Génin affirmait : "On ne cuisinera plus jamais comme autrefois… Une cuisine nouvelle est née… Il faut des hommes nouveaux et une grammaire culinaire moderne !" C'est ce à quoi il s'est appliqué durant plus de soixante-dix ans devant ses fourneaux. Couvert par les honneurs, il meurt en 1935 à 89 ans en laissant à la postérité son grand œuvre : Le Guide culinaire. --Emmanuel Barrault

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